Un Airbus militaire nommé Colmar

De nombreuses personnes ont assisté, hier à l’aérodrome de Colmar-Houssen, au baptême du 6e A400M acquis par la France. Ces Airbus s’appelleront tous du nom d’une ville étant ou ayant été un haut lieu de l’histoire de l’Armée de l’air. Celui-là portera, au-dessus de tous les territoires où le pays est engagé, les couleurs de Colmar

Baptême A400M L'Alsace

Cérémonie en grande pompe, hier soir à l’aérodrome de Colmar, où s’est déroulé le baptême du sixième et dernier Airbus A400M acquis par la France. L’avion porte désormais les couleurs de la cité de Bartholdi et l’inscription « Ville de Colmar ». Une manière de « confirmer l’attachement et la reconnaissance de l’Armée de l’air » à ce territoire qui a accueilli de 1957 à juin 2010 la base aérienne de Colmar-Meyenheim.

C’est d’ailleurs le général Pincet, un ancien commandant de cette BA alsacienne, qui a eu l’idée de proposer Colmar quand il a été décidé de baptiser tous les A400M par des noms de villes ayant eu un lien fort avec l’Armée de l’air. Le militaire, aujourd’hui commandant de la brigade des forces de sécurité et d’intervention, était présent pour l’événement. Avant le baptême d’hier, deux autres avaient déjà eu lieu, mettant à l’honneur Orléans puis Toulouse.

Avant-hier en Jordanie

La plaque a été dévoilée par le maire de Colmar, Gilbert Meyer, et le général Mercier, chef d’état-major de l’Armée de l’air. Les personnalités ont pu pénétrer dans le ventre de la bête qui peut accueillir 116 parachutistes ou de 20 à 25 tonnes de matériel.

Le militaire chargé de la visite guidée, comme plus tard dans son discours le général Mercier ont rivalisé de compliments sur cet avion, peut être pour tenter d’effacer l’historique difficile de l’appareil jusqu’à l’accident de Séville, le 9 mai dernier. « Un appareil remarquable », « extrêmement ergonomique », « une haute technologie sans précédent », des « capacités techniques telles que la réactivité ou l’allonge »…

« Il permet de se poser au plus près des combats et sur tous les terrains », a encore indiqué le général Mercier. Mais ce dernier a aussi précisé que l’ensemble des capacités de l’avion ne seraient développées qu’en 2016 et que, pour le moment, on s’en tenait « à la logistique », le transport de matériel comme l’Airbus « Ville de Colmar » l’a encore fait avant-hier en Jordanie… « Il met six heures pour aller au Tchad, il peut décharger, recharger et repartir dans la même journée alors que le Transall avait besoin de deux jours pour le déplacement. Cela modifie énormément le tempo de nos opérations. C’est l’avion qu’il nous fallait, un symbole d’avenir des ailes françaises », a encore déclaré le chef d’état-major.

Des pièces fabriquées par Liebherr

Gilbert Meyer a abondé, parlant d’« un symbole d’une coopération réussie avec les partenaires européens ». Il a aussi rappelé qu’en 2002, alors qu’il était député, il avait rédigé un rapport sur l’entretien du matériel militaire intitulé « Un sursaut nécessaire ». « J’avais plaidé en faveur de la restauration des matériels, mais ma deuxième proposition était de renouveler l’équipement. » On croirait presque qu’il est à l’origine de l’A400M ! Le maire de Colmar n’a pas passé sous silence le crash de Séville, mais pour dire sa confiance en « la capacité des équipes à affronter cette épreuve ».

Aucun représentant du constructeur, Airbus Military, n’avait fait le voyage. Il y en avait, en revanche, de Liebherr, l’antenne toulousaine de ce groupe ayant fourni des commandes de vol et des systèmes hydrauliques pour cet avion.

Rappelons que la France a passé commande de 50 A400M : le 7e arrivera dans quinze jours, 15 autres seront livrés avant 2019 et 25 avant 2025.

Un déplacement exceptionnel

La cérémonie a réuni Le RMT (régiment marche du Tchad), le commando de parachutistes n° 2 de Dijon et une section de la BA 116 de Luxeuil. En musique, entre La Marseillaise et Le Jour le plus long , elle a été l’occasion de décorer cinq militaires devant un parterre nourri de personnalités militaires, politiques (dont la maire de Meyenheim) et judiciaires.

Si l’Airbus a fait le déplacement pour l’occasion, c’est « une exception » à la règle décidée par le ministère après l’accident de Séville, à savoir qu’il ne volerait plus que pour les opérations prioritaires, a indiqué le général Mercier. Pourquoi la France est-elle le seul pays à permettre le vol de ces appareils – les autres ayant opté pour une immobilisation jusqu’aux résultats de l’enquête en cours ? « C’est une décision politique, mais ces appareils nous sont indispensables aujourd’hui. Je dirais qu’il faut plutôt demander aux autres pays pourquoi ils ont décidé d’arrêter. Nous, nous faisons confiance à cet avion. »

Rappelons enfin que la base de Drachenbronn est la dernière trace de la présence de l’Armée de l’air en Alsace et que le site fermera l’an prochain dans sa forme actuelle, pour devenir un élément rattaché à la base de Nancy. La cérémonie de cette dissolution est fixée au 17 juillet.

Article paru dans le journal L'Alsace
Edition du ven 29 mai 2015
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