Le baptistère qui revient de loin

Jaune et gris. Deux mastodontes de métal et de technologie se sont croisés hier au nord de la ville : les pelles minières Liebherr sur terre, l’Airbus A 400 M en rase-mottes. Leur rencontre furtive n’aurait jamais pu avoir lieu si l’aéroport de Colmar-Houssen avait fermé ses portes comme l’avait envisagé Gilbert Meyer au tournant de l’année 2005.

Ironie de l’histoire, une décennie plus tard, c’est ce tarmac un temps menacé qui a permis de baptiser l’avion-cargo du nom de la Ville de Colmar. Les armoiries de la cité voleront ainsi « dans tous les cieux », tissant un « lien historique entre Colmar et les aviateurs ».

Un coup de vent d’ouest s’est levé devant l’usine

Un coup de vent d’ouest s’est manifesté juste avant le baptême. La manche à air s’est mise à l’horizontal, loin devant l’usine Liebherr Mining. Le staff de l’entreprise a pris soin d‘immortaliser l’appareil avec leur unité de production en arrière-plan.

L’A400M Atlas Ville de Colmar ne relie pas seulement – très symboliquement – la commune avec la société gestionnaire de l’aéroport, détenue à 100 % par Liebherr. L’avion rappelle aussi qu’il est équipé de nombreux systèmes fournis par Liebherr-Aerospace de Toulouse et de Lindenberg : unité centrale de commande d’alimentation électrique, freins d’extrémité des ailes, actionneurs hydrauliques, ailerons, élévateurs, gouvernail et système d’air…

Unité nationale et industrielle sur le taxiway ensoleillé

Mais quel est le rapport entre des pelles mécaniques allemandes et un gros-porteur européen, me direz-vous ? Eh bien l’avion n’aurait jamais pu atterrir pour se faire baptiser chez lui si le géant germano-suisse ne s’était pas battu pour conserver la plateforme aérienne, et obtenir en échange les terrains suffisants pour y construire ses usines. Sans quoi le patron Willi Liebherr menaçait d’investir ailleurs.

Ni Willi Liebherr, ni Roland Wagner, à l’époque à la tête de l’opposition à Gilbert Meyer sur ce dossier, n’étaient présents à la cérémonie. Et comme les militaires décorés pour leur action, ils mériteraient bien aussi une médaille. Mais hier, l’heure était d’abord à l’unité nationale et industrielle sur le taxiway ensoleillé.

 

Article paru dans le journal DNA
Edition du ven 29 mai 2015