Ils ont tutoyé les nuages
« Rêves de gosse » a fait escale hier à l’aérodrome de Colmar-Houssen. Plus d’une trentaine d’avions de tourisme et un Casa de l’Armée de l’air ont transporté plus de 150 enfants durant une petite demi-heure. « La cerise sur le gâteau » pour ces participants engagés depuis plusieurs mois dans un projet pédagogique visant à abolir les différences…
Sur le tarmac® de l’aérodrome de Colmar, le ballet des Cesna, Robin et autre Piper ne cesse pas. Trente et un appareils précisément et autant de pilotes - particuliers ou professionnels - de la France entière ont fait escale hier pour donner corps à Houssen à « Rêves de gosse » ( L’Alsace du 27 avril). L’opération de solidarité orchestrée par Les chevaliers du ciel , association qui fête ses 20 ans, s’appuie notamment sur les Jeunes chambres économiques locales, une kyrielle de partenaires privés, et depuis quelques années sur la PJJ (Protection judiciaire de la jeunesse) pour rendre possible ces quelques minutes de vol. Soit l’aboutissement d’un travail pédagogique mené quelques mois auparavant dans certains établissements volontaires scolaires ou spécialisés.
Un lien entre « enfants extraordinaires » et « enfants ordinaires »
L’objectif, depuis ces deux décennies, est d’abolir les différences entre « enfants extraordinaires et enfants ordinaires ». En bordure de la piste, des centaines de filles et de garçons d’une douzaine d’années, leurs parents aussi, attendent sans broncher dans une chaleur légèrement étouffante pour monter à bord des petits appareils. Direction le château du Haut-Koenigsbourg pour un « trip » de 20 à 30 minutes aller-retour. Les pilotes, reconnaissables à leurs combinaisons bleues, leurs lunettes de soleil type « Top gun », et leurs casquettes siglées « Rêves de gosses » sont aux petits soins avec leurs « clients » d’un jour. Main dans la main (pour des questions de sécurité), un (seul) pilote et trois passagers rejoignent l’aéronef. Légèrement à l’écart, un appareil de l’Armée de l’air attend d’avaler par l’arrière sa trentaine de passagers pour un vol unique. Il s’agit d’un Airbus Casa CN-235 à hélices, spécialisé dans le transport de fret ou de parachutistes, capable de décoller sur piste courte. L’Armée de l’air, partenaire institutionnel de cette opération de solidarité placée sous le haut patronage du Président de la République, met à disposition cet appareil (ainsi qu’une douzaine de militaires de l’escadron Vercors), au cas où des enfants en chaise roulante seraient de la partie. Les deux pilotes sont des femmes : capitaines Élodie et Élodie, dont l’une est originaire d’Horbourg-Wihr. Les passagers ? Des élèves d’une classe Ulis du collège Molière et deux enseignants, Claude Martino et Séverine Pradel. Une dizaine d’adolescents, « des mineurs isolés » du CEP de la Douce à Belfort (Centre éducatif et professionnel) prennent place dans l’appareil spécialement aménagé pour accueillir des civils.
« Vol non-fumeur… »
Ces quelques adolescents confectionnent les repas quotidiens durant les neuf escales pour plus d’une centaine de bénévoles de l’opération. « C’est un vol non-fumeur , intervient un lieutenant quelques minutes avant le décollage. Veuillez couper vos portables, attacher vos ceintures, du roulage à l’arrêt complet des moteurs ». Direction Marckolsheim, puis Vogelgrun. Contorsions obligatoires pour profiter vaguement du spectacle à travers un hublot : le Rhin, son canal, ses centrales hydroélectriques, le Kaiserstuhl et ses vignobles en terrasses, les fortifications de Neuf-Brisach… Puis retour vers Colmar après avoir survolé Sainte-Croix-en-Plaine. Applaudissements nourris à l’atterrissage en douceur. Le vol a duré une petite demi-heure à 650 m d’altitude. Le teint de certains visages a pâli, le confort étant minimal ; mais pour une majorité des passagers, ces quelques minutes à tutoyer les nuages ont représenté une première.
C’est le nombre d’enfants qui ont participé à l’opération « Rêves de gosse » depuis sa création il y a 20 ans par Jean-Yves Glémée, président-fondateur des Chevaliers du ciel. Cette année, elle a débuté à Lyon le 6 mai pour faire escale le lendemain à Houssen. Puis, les bénévoles prennent la direction de Lille, Mureaux, Blois, Vendôme, Chambéry, Salon-de-Provence, Béziers puis Toulouse.
Article paru dans le journal L'Alsace
Edition du dim. 8 mai 2016
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