Une heure et demi pour comprendre "comment vole un avion"
Nous poursuivons nos séries d’été avec celle qui jusqu’à la fin août reviendra tous les mardis : ces activités qui se déroulent « au fil de l’air », entendez : qui vous emmènent au ciel. On commence par un petit tour en avion.
Rendez-vous est pris à l’aérodrome de Colmar avec Stéphane Wagner, président de l’aéro-club de Colmar (ACC). Je vais accompagner Luc Imbernon, pilote instructeur, et Jean-Philippe Macher, 12 ans, pour son troisième vol d’initiation.
« Jean-Philippe est très jeune, il n’a pas encore accès à la formation de brevet accessible à partir de 15 ans. Mais comme il est passionné d’aviation, en attendant, on fait des vols d’initiation où je lui apprends les rudiments » , explique Luc Imbernon.
Phase d’acceptation
On rentre donc en salle de briefing. On parle d’effet moteur, de souffle hélicoïdal, des axes de roulis, de tangage ou de lacet, de relation assiette-vitesse ou d’assiette-trajectoire…
Les explications sont simples mais utiles pour avoir en tête les principes de vol d’un avion et les commandes. Souvent pleines de bons sens, ça permet d’avoir quelques notions rudimentaires sur « comment vole un avion. »
Une fois ces quelques notions enregistrées, on se dirige sur le tarmac en direction d’un Robin DR 400 ecoflyer. Un avion moderne de quatre places, 135 CV et un moteur diesel. On entre alors dans la « phase d’acceptation » : on fait le tour de l’avion, on vérifie les bords d’attaques (partie avant de l’aile), les bords de fuite, les suspensions, l’hélice. Une fois à bord, on doit faire toutes les vérifications en suivant la check-list. Plus de cinq minutes de vérifications, mais de cette check-list dépend notre sécurité : mise en place, mise en route, prise d’information de l’aérodrome, tout est passé en revue. Pour ce vol, les conditions météorologiques sont bonnes, léger vent du nord-est et forte activité de planeur. Vient ensuite l’étape du roulage pour atteindre le « point d’arrêt », juste avant de passer sur la piste. Une étape qui se fait doucement, un avion n’étant pas fait pour rouler.
L’axe de travail
En liaison radio avec la tour de contrôle, notre avion nommé Alpha Roméo (les deux dernières lettres de son immatriculation F-HAAR, en code international) est autorisé à décoller sur la piste 1. On suit la ligne jaune, la puissance du moteur est à fond, pas d’alarme en vue, le badin (indicateur de vitesse) nous indique qu’on a atteint la vitesse minimum de décollage, 60 nœuds (environ 100 km/h), Jean-Philippe Macher tire sur le manche sous la surveillance de Luc Imbernon qui a les doubles commandes, et les roues de l’avion quittent le sol.
On prend de l’altitude pour arriver rapidement à 2500 pieds et à 200 km/h. La zone industrielle nord de Colmar s’éloigne, virage à droite vers la plaine. Sous nos yeux défilent les villages du Ried, l’Ill, la Forêt-Noire au loin, les champs de blé qui contrastent avec les champs de maïs. Luc Imbernon donne la direction à prendre, « l’axe de travail de ce vol sera le canal du Rhône-au-Rhin, il est très visible et il va quasiment tout droit. C’est un bon repère pour travailler » , explique-t-il.
Jean-Philippe Macher expérimente la relation assiette-vitesse, il va réduire sa vitesse en prenant de l’altitude. On met en application ce qu’on a vu en salle de briefing : à puissance constante, si l’avion monte, il perd de la vitesse. Neuf-Brisach si caractéristique vu du ciel, puis demi-tour. L’exercice continue, on est monté à 4000 pieds et notre vitesse est descendue à 120 km/h. Marckolsheim, demi-tour, on reste sur notre axe de travail, pour expérimenter la relation assiette-trajectoire.
Oust les moucherons
Cet exercice se fait en descente, il faut donc contrôler et maîtriser son taux de descente. « 500 pieds par minute, c’est le taux de descente confort, plus vite, on aurait mal aux oreilles » , précise Luc Imbernon. En descendant, on reprend de la vitesse due à l’inertie du poids de l’avion. 2500 pieds à 170 km/h.
On repasse au-dessus de Neuf-Brisach, virage à droite, direction l’aérodrome. Luc Imbernon reprend les commandes, contact radio avec la tour de contrôle pour être autorisé à atterrir, la piste est face à nous et après 40 minutes de vol, on se pose tout en douceur. On ramène l’avion en roulage jusqu’au hangar de l’aéro-club.
Mais quand on est pilote, le vol ne s’arrête pas là. « Il faut nettoyer l’avion, essentiellement les bords d’attaque et l’hélice pour enlever les moucherons. On peut perdre jusqu’à 10 % de portance. Ca fait partie de l’entretien normal d’un avion » , explique le pilote. Puis il faut remplir le carnet de route de l’avion ainsi que le carnet de vol. du pilote, pour qu’un autre puisse repartir
Ces vols d’initiation, bien plus qu’un baptême de l’air, permettent de découvrir le monde de l’aviation et du pilotage. Un bon moyen de commencer ça carrière de pilote, tout en profitant d’un paysage magnifique.
Christelle Didierjean
Article paru dans le journal L'Alsace
Edition du mar. 23 juillet 2013
Photo Christelle Didierjean
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