Après avoir testé différentes façons de voler, voici le moment de sauter. Christ’aile s’est essayé aux émois de la chute libre.

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Approchant de l’aérodrome, j’aperçois dans le ciel les premiers parachutistes de la journée. Légère appréhension. Je me demande si je vais vraiment sauter. Si depuis le début de cette série « en l’air », on me dit que voler n’est pas naturel pour l’homme, sauter dans le vide à une telle hauteur l’est encore moins.

Accueil par Daniel Dupont, responsable de la société Alsace Liberté plus connue sous son nom commercial « Alsace Parachutisme ». Une soixantaine de sauts sont prévus ce jour-là. Audrey fait signer les attestations de non-contre-indications. Briefing par un parachutiste, moniteur tandem appelé « porteur ». D’abord les éléments qui rassurent : présence d’un parachute et d’un parachute de secours à ouverture automatique vers 600 m en cas de problème, les quatre mousquetons du harnais tiennent chacun quatre tonnes. La position à adopter lors du saut… pour l’instant c’est un exercice au sol.

Un sport un peu intime

Chloé et Marie-Charlotte s’occupent de l’« avionage » : elles remplissent l’avion, en respectant l’ordre d’arrivée des clients, ceux qui veulent sauter ensemble, les vidéomen pour qui le demande.

Cyril Triboulet avec qui je vais sauter me met mon harnais, bien serré. Daniel Dupont gère le contact radio avec la tour de contrôle. Notre groupe, trois tandems et trois vidéomen, traverse les pistes. L’avion est en approche. C’est un PC-6 Pilatus, un avion adapté à cette activité qui avec ses 750 CV monte à 4000 m en 14 minutes, soit deux fois moins longtemps qu’un avion standard. Capable de transporter l’équivalent de son propre poids (1,4 t). L’avion s’arrête à notre hauteur, on monte, il décolle et va très vite prendre de l’altitude.

Les vidéomen mettent en images le panorama. Cyril répète les consignes : 1500 m, l’altitude où on ouvre le parachute. Dans l’avion nous sommes serrés, comme aiment le dire les parachutistes, « c’est un sport intime ». Cyril nous attache, je suis serrée dans le harnais, pour que le saut se déroule bien on ne doit former qu’un seul bloc.

4000 m. On ouvre la porte latérale, le premier binôme saute, étrange de voir disparaître deux personnes en plein ciel. Cyril me met les lunettes de protection. Mon vidéoman s’accroche à l’extérieur de la carlingue. Impression étrange. Les mains sur le harnais, les pieds dans le vide, tête sur l’épaule du porteur. Un dernier mot de Cyril : « Profite ». Sans avoir le temps de réfléchir et c’est fait pour, Cyril nous fait basculer dans le vide. Je vois l’avion s’éloigner. Là, c’est une grosse claque, le souffle de l’air, fort, on se stabilise. Mon porteur me tape sur l’épaule pour que j’écarte les bras. Le sentiment de chute n’est pas si violent, le sol est tellement loin. La vitesse en revanche et le vent dans la figure sont vraiment saisissants. On atteint vite les 200 km/h même avec le ralentisseur. J’ai un peu de mal à respirer, comme on me l’avait conseillé lors du briefing, j’expire, j’ai trop d’air dans les poumons. Le vidéoman nous rejoint pour immortaliser l’instant, il tourne autour de nous.

De 200 à 15 km/h

À peine le temps d’en profiter, de se demander si on est fou, 50 secondes plus tard, Cyril ouvre le parachute. Et là, « wouah », une sensation impossible à décrire, une grosse décélération pour passer de 200 à 15 km/h avec la voile.

Cyril me donne les commandes, je fais quelques virages, je reprends mes esprits. On chute rapidement, les voiles de parachute ne sont pas faites pour rester en vol. Il reprend les commandes à l’approche de la zone d’atterrissage. Dernière étape, bien lever les pieds en avant pour laisser le porteur toucher le sol en premier. Pour ma part, pas très efficace mais l’expérience de Cyril fait qu’on se pose tout en douceur. Il me décroche rapidement pour pouvoir gérer la voile. J’ai le souffle coupé et un rien de satisfaction qui monte. J’ai déjà envie de recommencer, l’expérience est tellement intense que j’ai l’impression de ne pas en avoir assez profité. Mais on m’avait prévenue, sur les 50 secondes de chute libre, 20 secondes passent à se demander ce qu’on fait.

On revient aux installations, Cyril m’enlève mon harnais et me félicite. Bah, je me suis juste laissé guider. Je passe récupérer les images chez Claire, responsable de la vidéo. « À Colmar, signale-t-elle, on est l’un des derniers centres à ne pas faire de la go pro au poignet. On a des vidéomen qui sautent en même temps que les clients et qui sont équipés d’une caméra avec un bon micro et d’un appareil photo reflex. Y a une vraie politique pour faire de belles images. » De retour à l’accueil, Audrey me remet mon diplôme. Ca y est, je l’ai fait !

Christelle Didierjean

Article paru dans le journal L'Alsace
Edition du mar. 20 août 2013
Photos P. Fayolle et C. Didierjean
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