Vol à voile L’air pour se libérer de son fauteuil roulant

 

Le Centre inter clubs vélivoles Vosges Alsace de Colmar investit pour permettre à des personnes en fauteuil roulant de pratiquer, y compris en solo, le planeur. Inauguration et opération de communication, hier, à l’aérodrome de Colmar-Houssen, pour attirer les amateurs.

 

Les personnalités politiques ont levé le voile, ou plutôt la toile de parachute, sur deux nouvelles machines du CICVVA (Centre inter clubs vélivoles Vosges Alsace), hier matin, à l’aérodrome de Colmar-Houssen : un nouveau remorqueur ULM acquis il y a un an et un planeur biplace Duo-Discus équipé pour pouvoir être utilisé, aussi, par des personnes en fauteuil acheté fin 2015. Le principe est simple : au palonnier habituel (commande actionnée avec le pied pour diriger le planeur), s’ajoute un « malonnier » qui se manie à la main. Les deux équipements plus une citerne et l’installation du malonnier ont coûté la somme de 277 000 €, subventionnée à hauteur de 30 % par divers partenaires dont la Région, Jeunesse et Sport ou encore l’Aviation civile.

 

On pourrait imaginer que le club s’est lancé dans cette aventure parce qu’il a été sollicité par des personnes à mobilité réduite… Pas du tout. C’est « une volonté de s’ouvrir à l’handisport » qui a motivé le CICVVA, a expliqué la vice-présidente Sylvie Windenberger. La volonté de « r endre ce sport accessible aux personnes handicapées des membres inférieurs », a complété le président Christophe Sturm.

 

L’équipe a donc pris le taureau par les cornes. Reste à faire venir des pratiquants et cela ne semble pas si facile que ça. Le club colmarien avait déjà depuis deux ans un avion avec un seul malonnier pour ce public. Ils sont deux à avoir testé le matériel… à la demande du CICVVA : un champion para-olympique de tir, Raphaël Voltz et le Mulhousien Raymond Wolff.

 

« Là, ils ont une machine de course ! »

 

Raymond Wolff pratique le vol à voile depuis 2003 au club Planeurs Mulhouse. À l’époque, il tenait sur ses deux jambes. « J’ai eu le temps d’être breveté », raconte-t-il. Puis il y a eu « un stupide accident domestique » et la vie en fauteuil.

 

Raymond Wolff a décidé de rester au club : « L’ambiance est sympathique, ils m’ont pas laissé tomber et je ne les ai pas laissés tomber en tant que trésorier. Je reste actif et tout le monde en tire bénéfice ». Le nouveau matériel de Colmar ? « Là, ils ont une machine de course ! »

 

Le nouvel équipement, avec deux malonniers, permettra à des personnes en fauteuil de se former, d’obtenir le brevet et pourquoi pas devenir elles-mêmes instructrices. Deux personnes du club ont été formées à l’abécédaire handisport pour ça. L’objectif final est que ces personnes puissent voler seule, le must pour un vélivole. Pour cela restera encore une question de matériel : « La prochaine étape, c’est d’équiper un planeur monoplace avec un malonnier », a confirmé Sylvie Windenberger. Un investissement supplémentaire de 11 000 €.

 

« Pilotes en fauteuil, le club vous attend ! »

 

La plate-forme colmarienne prend ainsi le pas en matière de handiplane sur ses collègues alsaciens (les clubs de Mulhouse, Strasbourg et Haguenau, pas encore équipés). Un plus qui s’ajoute aux atouts météorologique et aérologique.

 

Dans son discours, le président Christophe Sturm est allé sur le terrain de l’emploi, indiquant qu’il y en avait 500 000 dans l’aéronautique : « Un brevet de pilote est une chance énorme de trouver un emploi. Un jeune qui vient ici ne fait pas seulement sa passion, il peut aussi trouver un métier. » Il a ajouté que cela pouvait aussi constituer une opportunité professionnelle pour les personnes en fauteuil.

 

L’ancienne championne paralympique de natation colmarienne Béatrice Hess avait été conviée à l’inauguration. Elle a invité le club à travailler avec « d es partenaires, comme le centre Albert Camus. Là-bas, vous pourrez trouver du monde intéressé ». Elle a conclu : « J’ai connu la liberté par l’eau, je suis sûre que d’autres la trouveront par l’air. »

 

Sylvie Windenberger a conclu que son « rêve le plus fou » serait qu’il y ait deux personnes handicapées brevetées avant la fin de l’année. « Je sais qu’il leur faudra de l’audace pour pousser la porte, mais ils découvriront alors une nouvelle liberté et se sentiront l’égal des valides, car à bord d’un planeur, il n’y a pas de différence. Ils pourront voler de leurs propres ailes, qui seront encore plus belles et encore plus grandes. Je pense que le vol à voile peut redonner sens à la vie. Pilote en fauteuil, le CICVVA vous attend ! »

 

Environ 2000 €

 

Activité du club : pratique du vol à voile ; formation pour le brevet de pilote avec des instructeurs qualifiés.

 

Flotte : 14 planeurs.

 

Nombre de membres : 80 (dont certains font de la compétition).

 

Coût : environ 2000 € par an. Licence-assurance : 81,70 € pour les moins de 25 ans et 160,60 pour les autres ; cotisation : 200 ou 400 € (+ ou - de 25 ans) ; forfait de 50 heures de vol : 520 ou 695 €. Vol découverte à 90 €.

 

Contact : 03.89.41.95.03 (www.planeur-colmar.net).

 

Article paru dans le journal L'Alsace
Edition du dim. 27 mars 2016
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