Ca plane pour elle

Après avoir participé aux championnats de France féminins de planeur, la Colmarienne Jutta Sturm s'envole vers la Suède pour les championnats du monde de la discipline, où les femmes ont leur mot à dire.


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Contrairement à ce que pourrait laisser entendre son patronyme, Jutta Sturm est une femme calme. Posée oserait-on même écrire. En ce lundi matin, la voila toutefois prise entre deux vols : il y a une semaine, elle était, avec sa camarade du club de vol à voile de Colmar Sylvie Windenberger-Horber, aux championnats de France féminins à Issoudun, dans le centre de la France ; et la semaine prochaine, elle s’envolera pour les championnats du monde qui se dérouleront cette année en Suède, à Arboga, à 150 km de Stockholm.

«Je pratique le planeur depuis que j’ai 13 ans»

Mais cet emploi du temps chargé ne semble pas la déranger outre mesure. Il faut dire aussi que Jutta à l’habitude de la compétition.

« J’ai aujourd’hui 50 ans, et je pratique le planeur depuis que j’ai 13 ans. Je fais de la compétition depuis les années 90. » Particularité de la discipline, pendant longtemps les compétitions étaient entièrement mixtes. Mais que ce soit face aux hommes ou en compagnie des femmes, Jutta Sturm sait se classer parmi les meilleurs. « Après des études en psychologie, je suis retournée à la compétition en 2007. J’ai volé avec les hommes et j’ai terminé troisième. En 2008, j’étais championne de France féminine. C’est l’année où j’ai participé aux mondiaux. Mais, à cause d’une erreur technique, j’ai terminé à la onzième place. Cette année, aux championnats de France féminins, après avoir fait première sur plusieurs épreuves, j’ai eu des problèmes météo qui ne m’ont pas permis de terminer à la première place. J’ai fini troisième. »

Les femmes aussi fortes que les hommes

 

Elle tire toutefois une certaine fierté des résultats de ses consœurs car « deux des filles ont terminé premières, devant des hommes lors d’épreuves régionales », preuve indéniable, selon elle, qu’en planeur, « les femmes deviennent aussi fortes que les hommes ».

« On pourrait aller dans tous les championnats voler face aux hommes, mais les femmes n’osent pas la plupart du temps », d’où la création de compétitions uniquement féminines il y a quatre ans.

Au-delà des questions de sexe, le planeur reste « une véritable pépinière de talent dans toutes les carrières de l’aéronautique », soit une quarantaine de métiers différents, et de citer la Colmarienne Emmanuelle Zoll, première femme pilote de chasse, passée par le club de vol à voile de Colmar.

Aux commandes de son planeur « de course », Jutta Sturm exulte. « J’éprouve une sensation de liberté. Sentir cette masse d’air est fantastique. Je ressens le mouvement de l’air. Je monte aussi bien que les oiseaux. » Des sensations que cette instructrice au club de Colmar cherche à partager avec tous les amateurs. Mais lors des championnats, tout est exacerbé : « En compétition, un vol dure entre 4 et 5 heures ; il faut prendre une décision toutes les 4 secondes : c’est très prenant. Mais une fois au sol, je connais une vraie jubilation qui dure jusqu’à une année. »

JFT

Dimanche 5 juin, le club de planeur de Colmar organise des vols d’initiation à tarif réduit (40 €) pour les femmes. Rendez-vous à l’aérodrome de Colmar-Houssen à partir de 10 h 30 ; vols à partir de 13 h

Article paru dans le journal DNA
Edition du sam. 4 juin 2011

Photo DNA - Océane Canonico