L’aéroport d’affaires à la hauteur

L’aéroport de Colmar conforte sa vocation dans l’aviation d’affaires avec plus de 1 million d’euros d’investissements. L’aérogare vient d’être entièrement rénovée pour plus de 500 000 euros pour mieux accueillir clients et équipages.


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Le 3 août, le président de la République François Hollande atterrissait à Colmar-Houssen avant de rejoindre le Hartmannswillerkopf. Depuis hier, les hélicoptères et des avions du rallye d’Alsace sont basés sur le tarmac.

Menacé de fermeture il y a une dizaine d’années, l’aéroport colmarien a vu son trafic décoller de 28 % depuis sa reprise par la société ADC (Aéroport de Colmar) en février 2006. Le petit poucet colmarien a trouvé son créneau entre Entzheim et l’Euroairport de Bâle-Mulhouse. Sa flexibilité, son fonctionnement possible 24 heures/24 lui permettent de faire ce que les grands ne peuvent pas faire : du transport sanitaire et d’organes, des vols spéciaux affrétés par des clubs de football. La plateforme est utilisée pendant la Foire aux vins par les artistes qui viennent en jet privé, lors des grandes manifestations bâloises (Art Basel, Mondial de l’Horlogerie), pour recevoir les personnalités politiques. Et bien sûr, elle constitue le terrain de jeu des clubs d’aviation sportive.

Aux commandes depuis 8 ans, ADC a pour objectif de faire de Colmar l’aéroport d’affaires régional. « Ce créneau d’activités représente souvent moins de 5 % des mouvements pour les grandes plateformes». Et les vents lui sont favorables. «Selon les experts, l’aviation d’affaires devrait se développer de 3 à 6 % par an, jusqu’en 2025 ».

« La Rolls des installations météo »

Avec le soutien des collectivités locales et de la CCI, le gestionnaire se donne les moyens de ses ambitions : deux millions d’euros d’investissements ont été programmés depuis la reprise. Dans ce cadre, des travaux d’amélioration ont été engagés pour 1 154 000 € . La première tranche, terminée cet été, a vu la rénovation totale de l’aérogare. Les locaux, vétustes et obsolètes n’avaient pas le standard requis pour l’accueil des clients de l’aviation d’affaires, entreprises et particuliers qui utilisent l’avion pour leurs déplacements professionnels. Ils ne répondaient pas aux exigences du label « French Business Airports », que détient Colmar. Le bâtiment de l’aérogare s’est étoffé d’une salle de conférences d’une capacité de 50 personnes, d’un salon VIP et d’une salle de cattering équipée pour préparer les plateaux-repas servis en vol. Le bureau des douanes a fait l’objet d’une mise aux normes. Confié au cabinet Pircher, le réaménagement des lieux a privilégié des matériaux écologiques. Une mue à 504 000 € .

Moins de bruit

Une 2 e tranche de 650 000 € pour la partie technique est en cours de finalisation. Il s’agit de travaux de modernisation des installations météo et des systèmes de guidage de vol. « Le chantier est lié à des transferts de charges de l’État sur le gestionnaire, comme la fonction météo, auparavant assurée par la Direction générale de l’Aviation Civile (DGAC) », indique Francis Rebert, directeur général de la société ADC. D’une part, l’aéroport s’est doté de « la Rolls des installations météo avec le Metar Auto. Le système permet depuis n’importe quel endroit dans le monde, à un pilote d’avoir tous les paramètres sur Colmar, pour préparer son vol ». D’autre part, il a adopté le système de navigation par satellite (GNSS) - « le GPS appliqué à l’aéronautique » - en remplacement du vol aux instruments (ILS). Déjà en place sur l’axe nord, le nouveau dispositif de guidage sera installé ainsi que des rampes d’approche, sur l’axe sud courant octobre.

Cette technologie facilite la vie des pilotes en permettant « des approches plus rapides et plus courtes. L’atterrissage revient moins cher ». De plus, elle présente l’avantage de réduire « les nuisances sonores des circuits d’atterrissage pour les riverains », fait valoir Francis Maechling, président de la société ADC. «Le terrain de Colmar, dit-il, s’insère dans l’environnement avec moins de vols, des avions plus petits et plus légers qui font moins de bruit».

Les investissements de l’exploitant viennent compléter la modernisation des installations de contrôle aérien, et l’achat d’un camion incendie pris en charge par l’État. L’effort consenti vise à renforcer «l’attractivité» du terrain d’aviation du Centre-Alsace. Colmar-Houssen est un « outil structurant de développement économique » : de nombreuses grandes sociétés régionales l’utilisent, comme Knauf, Scapalsace, les Cuisines Schmidt, Mark IV, PSA… Sa « nouvelle » aérogare sera inaugurée le 14 octobre.

I.N.


Article paru dans le journal DNA
Edition du sam 4 octobre 2014